La Conquête de Plassans

La Conquête de Plassans (paragraphe n°93)

Chapitre II

Il n'eut sans doute pas conscience du secret dédain qui perçait dans ses paroles. La dame âgée le regarda fixement de ses yeux noirs ; puis, elle revint à la salle à manger, à la table servie, qu'elle examinait depuis qu'elle était là. Elle passait d'un objet à l'autre, les lèvres pincées. Elle n'avait pas prononcé une parole. Cependant, l'abbé Faujas consentit à laisser la malle. Dans la poussièrejaune du soleil qui entrait par la porte du jardin, sa soutane râpée semblait toute rouge ; des reprises en brodaient les bords ; elle était très propre, mais si mince, si lamentable, que Marthe, restée assise jusque-là avec une sorte de réserve inquiète, se leva à son tour. L'abbé, qui n'avait jeté sur elle qu'un coup d'œil rapide, aussitôt détourné, la vit quitter sa chaise, bien qu'il ne parût nullement la regarder.

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