La Curée

La Curée (paragraphe n°1401)

Chapitre VII

Saccard renouvelait le coup de fortune de la rue de la Pépinière. Pour que le nom de sa femme disparût complètement, il imagina d'abord une vente des terrains et du café-concert. Larsonneau céda le tout à un créancier supposé. L'acte de vente portait le chiffre colossal de trois millions. Ce chiffre était tellement exorbitant, que la commission de l'Hôtel de Ville, lorsque l'agent d'expropriation, au nom du propriétaire imaginaire, réclama le prix d'achat pour indemnité, ne voulut jamais accorder plus de deux millions cinq cent mille francs, malgré le sourd travail de monsieur Michelin et les plaidoyers de monsieur Toutin-Laroche et du baron Gouraud. Saccard s'attendait à cet échec ; il refusa l'offre, il laissa le dossier aller devant le jury, dont il faisait justement partie avec monsieur de Mareuil, par un hasard qu'il devait avoir aidé. Et c'était ainsi qu'il se trouvaitchargé, avec quatre de ses collègues, de faire une enquête sur ses propres terrains.

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