La Curée

La Curée (paragraphe n°1451)

Chapitre VII

Au milieu de ces intérêts, de ces soifs ardentes qui ne pouvaient se satisfaire, Renée agonisait. La tante Elisabeth était morte ; sa sœur, mariée, avait quitté l'hôtel Béraud, où son père seul restait debout, dans l'ombre grave des grandes pièces. Elle mangea en une saison l'héritage de la tante. Elle jouait, maintenant. Elle avait trouvé un salon où les dames s'attablaient jusqu'à trois heures du matin, perdant des centaines de mille francs par nuit. Elle dut essayer de boire ; mais elle ne put pas,elle avait des soulèvements de dégoût invincibles. Depuis qu'elle s'était retrouvée seule, livrée à ce flot mondain qui l'emportait, elle s'abandonnait davantage, ne sachant à quoi tuer le temps. Elle acheva de goûter à tout. Et rien ne la touchait, dans l'ennui immense qui l'écrasait. Elle vieillissait, ses yeux se cerclaient de bleu, son nez s'amincissait, la moue de ses lèvres avait des rires brusques, sans cause. C'était la fin d'une femme.

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