La Curée

La Curée (paragraphe n°1477)

Chapitre VII

Renée eut honte de son coupé, de son costume de soie puce, par cette admirable journée. Elle se renfonça un peu, les glaces ouvertes, regardant ce ruissellement de lumière sur l'eau et sur les verdures. Aux coudes des allées, elle apercevait la file des roues qui tournaient comme des étoiles d'or, dans une longue traînée de lueurs aveuglantes. Les panneaux vernis, les éclairs des pièces de cuivre et d'acier, les couleurs vives des toilettes, s'en allaient, au trot régulier des chevaux, mettaient, sur les fonds du Bois, une large barre mouvante, un rayon tombé du ciel, s'allongeant et suivant les courbes de la chaussée. Et, dans ce rayon, la jeune femme, clignant les yeux, voyait par instants se détacher le chignon blond d'une femme, le dos noir d'un laquais, la crinière blanche d'uncheval. Les rondeurs moirées des ombrelles miroitaient comme des lunes de métal.

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