La Curée

La Curée (paragraphe n°262)

Chapitre II

Vers le commencement de 1853, Aristide Saccard fut nommé commissaire voyer. Il gagnait quatre mille cinq cents francs. Cette augmentation arrivait à temps ; Angèle dépérissait ; la petit Clotilde était toute pâle. Il garda son étroit logement de deux pièces, la salle à manger meublée de noyer, et la chambre à coucher, d'acajou, continuant à mener une existence rigide, évitant la dette, ne voulant mettre les mains dans l'argent des autres que lorsqu'il pourrait les y enfoncer jusqu'aux coudes. Il mentit ainsi à ses instincts, dédaigneux desquelques sous qui lui arrivaient en plus, restant à l'affût. Angèle se trouva parfaitement heureuse. Elle s'acheta quelques nippes, mit la broche tous les jours. Elle ne comprenait plus rien aux colères muettes de son mari, à ses mines sombres d'homme qui poursuit la solution de quelque redoutable problème.

?>