La Curée

La Curée (paragraphe n°276)

Chapitre II

Le mal empira. Un soir, le médecin leur avoua que la malade ne passerait pas la nuit. Madame Sidonie était venue de bonne heure, préoccupée, regardant Aristide et Angèle de ses yeux noyés où s'allumaient de courtes flammes. Quand le médecin fut parti, elle baissa la lampe, un grand silence se fit. La mort entrait lentement dans cette chambre chaude et moite, où la respiration irrégulière de la moribonde mettait le tic-tac cassé d'une pendule qui se détraque. Madame Sidonie avait abandonné les potions, laissant le mal faire son œuvre. Elle s'était assise devant la cheminée, auprès de son frère, qui tisonnait d'une main fiévreuse, en jetant sur le lit des coups d'œil involontaires. Puis, comme énervé par cet air lourd, par ce spectacle lamentable, il se retira dans la pièce voisine. On y avait enfermé la petite Clotilde, qui jouait à la poupée, très sagement, sur un bout de tapis. Sa fille lui souriait, lorsque madame Sidonie, se glissant derrière lui, l'attira dans un coin, parlant à voix basse. Laporte était restée ouverte. On entendait le râle léger d'Angèle.

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