La Curée

La Curée (paragraphe n°368)

Chapitre II

Saccard gagna la protection de ces deux personnages, en leur rendant des services, dont il feignit habilement d'ignorer l'importance. Il mit en rapport sa sœur et le baron, alors compromis dans une histoire des moins propres. Il la conduisit chez lui, sous le prétexte de réclamer son appui en faveur de la chère femme, qui pétitionnait depuis longtemps, afin d'obtenir une fourniture de rideaux pour les Tuileries. Mais il advint, quand l'agent voyer les eut laissés ensemble, que ce fut madame Sidonie qui promit au baron de traiter avec certaines gens, assez maladroits pour ne pas être honorés de l'amitié qu'un sénateur avait daigné témoigner à leur enfant, une petite fille d'une dizaine d'années. Saccardagit lui-même auprès de monsieur Toutin-Laroche ; il se ménagea une entrevue avec lui dans un corridor et mit la conversation sur le fameux Crédit viticole. Au bout de cinq minutes, le grand administrateur, effaré, stupéfait des choses étonnantes qu'il entendait, prit sans façon l'employé à son bras et le retint pendant une heure dans le couloir. Saccard lui souffla des mécanismes financiers prodigieux d'ingéniosité. Quand monsieur Toutin-Laroche le quitta, il lui serra la main d'une façon expressive, avec un clignement d'yeux franc-maçonnique.

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