La Curée

La Curée (paragraphe n°543)

Chapitre IV

Le lendemain, après avoir recommandé à Céleste de l'attendre, elle traversa, avec les frissons d'une peur exquise, les ombres noires du parc Monceau. Saccard avait profité de sa bonne amitié avec l'Hôtel de Ville pour se faire donner la clef d'une petite porte du parc, et Renée avait voulu également en avoir une. Elle faillit se perdre, ne trouva le fiacre que grâce aux deux yeux jaunes des lanternes. A cette époque, le boulevard Malesherbes, à peine terminé, était encore, le soir, une véritable solitude. La jeune femme se glissa dans la voiture, très émue, lecœur battant délicieusement, comme si elle fût allée à quelque rendez-vous d'amour. Maxime, en toute philosophie, fumait, à moitié endormi dans un coin du fiacre. Il voulut jeter son cigare, mais elle l'en empêcha, et comme elle cherchait à lui retenir le bras, dans l'obscurité, elle lui mit la main en plein sur la figure, ce qui les amusa beaucoup tous les deux.

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