La Curée

La Curée (paragraphe n°712)

Chapitre IV

Madame Sidonie ne venait généralement qu'à la nuit tombée. Son frère avait pourtant obtenu qu'elle mît des robes de soie. Mais, on ne savait comment, la soie qu'elle portait avait beau sortir du magasin, elle ne paraissait jamais neuve ; elle se fripait, perdait son luisant, ressemblait à une loque. Elle avait aussi consenti à ne pas apporter son panier chez les Saccard. En revanche, ses poches débordaient de paperasses. Renée, dont elle ne pouvait faire une cliente raisonnable, résignée aux nécessités de la vie, l'intéressait. Elle la visitait régulièrement, avec des sourires discrets de médecin qui ne veut pas effrayer un malade en lui apprenant le nom de son mal. Elle s'apitoyait sur ses petites misères, comme sur des bobos qu'elle guérirait immédiatement, si la jeune femme voulait. Cette dernière, qui était dans une de ces heures où l'on a besoin d'être plaint, la faisait uniquement entrer pour lui dire qu'elle avait des douleurs de tête intolérables.

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