La Curée

La Curée (paragraphe n°797)

Chapitre V

Maxime, lui, trouvait le monde assommant. C'était par " chic " qu'il prétendait s'y ennuyer, car il ne s'amusait réellement nulle part. Aux Tuileries, chez les ministres, il disparaissait dans les jupons de Renée. Mais il redevenait le maître, dès qu'il s'agissait de quelqueescapade. Renée voulut revoir le cabinet du boulevard, et la largeur du divan la fit sourire. Puis, il la mena un peu partout, chez les filles, au bal de l'Opéra, dans les avant-scènes des petits théâtres, dans tous les endroits équivoques où ils pouvaient coudoyer le vice brutal, en goûtant les joies de l'incognito. Quand ils rentraient furtivement à l'hôtel, brisés de fatigue, ils s'endormaient aux bras l'un de l'autre, cuvant l'ivresse du Paris ordurier, avec des lambeaux de couplets grivois chantant encore à leurs oreilles. Le lendemain, Maxime imitait les acteurs, et Renée, sur le piano du petit salon, cherchait à retrouver la voix rauque et les déhanchements de Blanche Muller, dans son rôle de la Belle Hélène. Ses leçons de musique du couvent ne lui servaient plus qu'à écorcher les couplets des bouffonneries nouvelles. Elle avait une horreur sainte pour les airs sérieux. Maxime " blaguait " avec elle la musique allemande, et il crut devoir aller siffler le Tannhäuser par conviction, et pour défendre les refrains égrillards de sa belle-mère.

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