La Curée

La Curée (paragraphe n°905)

Chapitre V

Un fait vint donner à la situation un caractère singulier. Renée avait souvent des besoins de fanfaronnade, des caprices de hardiesse brutale. Elle entraînait Maxime derrière un rideau, derrière une porte, et l'embrassait, au risque d'être vue. Un jeudi soir, comme le salon bouton-d'or était plein de monde, il lui poussa la belle idée d'appeler le jeune homme qui causait avec Louise ; elle s'avança à sa rencontre, du fond de la serre où elle se trouvait, et le baisa brusquement sur la bouche, entre deux massifs, se croyant suffisamment cachée. Mais Louise avait suivi Maxime. Quand les amants levèrent la tête, ils la virent, à quelques pas, qui les regardait avec un étrange sourire, sans une rougeur ni un étonnement, de l'air tranquillement amical d'uncompagnon de vice, assez savant pour comprendre et goûter un tel baiser.

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