La Débâcle

La Débâcle (paragraphe n°359)

Partie : PREMIERE PARTIE, chapitre IV

Au soleil levant, on fit le café, les grains pilés dans une gamelle avec la crosse du fusil, et jetés dans l'eau bouillante, puis le marc précipité au fond ; à l'aide d'une goutte d'eau froide. Ce matin-là, le lever de l'astre était d'une magnificence royale, au milieu de grandes nuées de pourpre et d'or ; mais Maurice lui-même ne voyait plus ces spectacles des horizons et du ciel, et Jean seul, en paysan réfléchi, regardait d'un air inquiet l'aube rouge qui annonçait de la pluie. Aussi, avant le départ, comme on venait de distribuer le pain cuit la veille, et que l'escouade avait reçu trois pains longs, il blâma fortement Loubet et Pache de les avoir attachés sur leurs sacs. Les tentes étaient pliées, les sacs ficelés, on ne l'écouta point. Six heures sonnaient à tous les clochers des villages, lorsque l'armée entière s'ébranla, reprenant gaillardement sa marche en avant, dans l'espoir matinal de cette journée nouvelle.

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