La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°133)

Partie : Livre 1, chapitre V

Le cimetière, en effet, n'avait rien d'effrayant. C'était un terrain nu, où d'étroites allées se perdaient sous l'envahissement des herbes. Des renflements bossuaient la terre, de place en place. Une seule pierre, debout, toute neuve, la pierre de l'abbé Caffin, mettait sa découpure blanche, au milieu. Rien autre que des bras de croix arrachés, des buis séchés, de vieilles dalles fendues, mangées de mousse. On n'enterrait pas deux fois l'an. La mort ne semblait point habiter ce sol vague, où la Teuse venait, chaque soir, emplir son tablier d'herbe pour les lapins de Désirée. Un cyprès gigantesque, planté à la porte, promenait seul son ombre sur le champ désert. Ce cyprès, qu'on voyait de trois lieues à la ronde, était connu de toute la contrée sous le nom du Solitaire.

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