La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°1994)

Partie : Livre 3, chapitre XIII

O mon Dieu, il n'est pas vrai que vous soyez sans pitié. Je le sens, vous m'avez déjà pardonné. Je le sens à votre grâce, qui, depuis des heures, redescend en moi, goutte à goutte, en m'apportant le salut d'une façon lente et certaine... O mon Dieu, c'est au moment où je vous abandonnais, que vous me protégiez avec le plus d'efficacité. Vous vous cachiez de moi pour mieux me retirer du mal. Vous laissiez ma chair aller en avant, afin de me heurter contre son impuissance... Et, maintenant, ô mon Dieu, je vois que vous m'aviez à jamais marqué de votre sceau, ce sceau redoutable, plein de délices, qui met un homme hors des hommes, et dont l'empreinte est si ineffaçable, qu'elle reparaît tôt ou tard, même sur les membres coupables. Vous m'avez brisé dans le péché etdans la tentation. Vous m'avez dévasté de votre flamme. Vous avez voulu qu'il n'y eût plus que des ruines en moi, pour y descendre en sécurité. Je suis une maison vide où vous pouvez habiter... Soyez béni, ô mon Dieu !

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