La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°413)

Partie : Livre 1, chapitre XI

Alors, longuement, elle lui expliqua les portées. Il fallut qu'il s'accroupit, qu'il mit le nez contre le treillage, pendant qu'elle donnait des détails minutieux. Les mères, avec leurs grandes oreilles anxieuses, les regardaient de biais, soufflantes, clouées de peur. Puis, c'était, dans une case, un trou de poils, au fond duquel grouillait un tas vivant, une masse noirâtre, indistincte, qui avait une grosse haleine, comme un seul corps. A côté, les petits se hasardaient au bord du trou, portant des têtes énormes. Plus loin, ils étaient déjà forts, ils ressemblaient à de jeunes rats, furetant, bondissant, le derrière en l'air, taché du bouton blanc de la queue. Ceux-là avaient des grâces joueuses de bambins, faisant le tour des cases au galop, les blancs aux yeux de rubis pâle, les noirs aux yeux luisants comme des boutons de jais. Et des paniques les emportaient brusquement, découvrant à chaque saut leurs pattes minces, roussies par l'urine. Et ils se remettaient en un tas, si étroitement, qu'on ne voyait plus les têtes.

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