La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°648)

Partie : Livre 2, chapitre 1

Assise près d'une console où une bouilloire chauffait sur une lampe à esprit-de-vin, Albine regardait les rideaux de l'alcôve, attentivement. Elle était vêtue de blanc, les cheveux serrés dans un fichu de vieille dentelle, les mains abandonnées, veillant d'un air sérieux de grande fille. Une respiration faible, un souffle d'enfant assoupi s'entendait, dans le grand silence. Mais elle s'inquiéta, au bout de quelques minutes ; elle ne put s'empêcher de venir, à pas légers, soulever le coin d'un rideau. Serge, au bord du grand lit, semblait dormir, la tête appuyée sur l'un de ses bras repliés. Pendant sa maladie, ses cheveux s'étaient allongés, sa barbe avait poussé. Il était très blanc, les yeux meurtris de bleu, les lèvres pâles ; il avait une grâce de fille convalescente.

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