La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°681)

Partie : Livre 2, chapitre 1

Je ne vois que du noir, balbutia-t-il. C'est singulier, j'arrive d'un long voyage. Je ne sais plus mêmed'où je suis parti. J'avais la fièvre, une fièvre qui galopait dans mes veines comme une bête... C'est cela, je me souviens. Toujours le même cauchemar me faisait ramper, le long d'un souterrain interminable. A certaines grosses douleurs, le souterrain, brusquement, se murait ; un amas de cailloux tombait de la voûte, les parois se resserraient, je restais haletant, pris de la rage de vouloir passer outre ; et j'entrais dans l'obstacle, je travaillais des pieds, des poings, du crâne, en désespérant de pouvoir jamais traverser cet éboulement de plus en plus considérable... Puis, souvent, il me suffisait de le toucher du doigt ; tout s'évanouissait, je marchais librement, dans la galerie élargie, n'ayant plus que la lassitude de la crise.

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