La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°761)

Partie : Livre 2, chapitre V

Alors, pendant une semaine, ce furent des soins délicats. Elle patientait, attendant qu'il grandit. A mesure qu'elle constatait certains éveils, elle se rassurait, ellepensait que l'âge en ferait un homme. C'étaient de légers tressaillements, lorsqu'elle le touchait. Puis, un soir, il eut un faible rire. Le lendemain, après l'avoir assis devant la fenêtre, elle descendit dans le jardin, où elle se mit à courir et à l'appeler. Elle disparaissait sous les arbres, traversait des nappes de soleil, revenait, essoufflée, tapant des mains. Lui, les yeux vacillants, ne la vit point d'abord. Mais, comme elle reprenait sa course, jouant de nouveau à cache-cache, surgissant derrière chaque buisson, en lui jetant un cri, il finit par suivre du regard la tache blanche de sa jupe. Et quand elle se planta brusquement sous la fenêtre, la face levée, il tendit les bras, il fit mine de vouloir aller à elle. Elle remonta, l'embrassa, toute fière.

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