La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°846)

Partie : Livre 2, chapitre VI

Peut-être ai-je déjà vécu. Cela doit être bien loin... Je t'aimais, dans un songe douloureux. Tu avais tes yeux bleus, ta face un peu longue, ton air enfant. Mais tu cachais tes cheveux, soigneusement, sous un linge ; et moi je n'osais écarter ce linge, parce que tes cheveux étaient redoutables et qu'ils m'auraient fait mourir... Aujourd'hui, tes cheveux sont la douceur même de ta personne. Ce sont eux qui gardent ton parfum, qui me livrent ta beauté assouplie, tout entière entre mes doigts.Quand je les baise, quand j'enfonce ainsi mon visage, je bois ta vie.

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