La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°855)

Partie : Livre 2, chapitre VII

Albine et Serge entrèrent dans le parterre. Elle le regardait avec une sollicitude inquiète, craignant qu'il ne se fatiguât. Mais lui, la rassura d'un léger rire. Il se sentait fort à la porter partout où elle voudrait aller. Quand il se retrouva en plein soleil, il eut un soupir de joie. Enfin, il vivait ; il n'était plus cette plante soumise aux agonies de l'hiver. Aussi quelle reconnaissance attendrie ! Il aurait voulu éviter aux petits pieds d'Albine la rudesse des allées ; il rêvait de la pendre à son cou, comme une enfant que sa mère endort. Déjà, il la protégeait en gardien jaloux, écartait les pierres et les ronces, veillait à ce que le vent ne volât pas sur ses cheveux adorés des caresses qui n'appartenaient qu'à lui. Elle s'était blottie contre son épaule, elle s'abandonnait, pleine de sérénité.

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