La Faute de l'Abbé Mouret

La Faute de l'Abbé Mouret (paragraphe n°959)

Partie : Livre 2, chapitre IX

Puis, vers la gauche, des arbres plus espacés, des amandiers au feuillage grêle, laissaient le soleil mûrir à terre des citrouilles pareilles à des lunes tombées. Il y avait aussi, au bord d'un ruisseau qui traversait le verger, des melons couturés de verrues, perdus dans des nappes de feuilles rampantes, ainsi que des pastèques vernies, d'un ovale parfait d'œuf d'autruche. A chaque pas, des buissons de groseilliers barraient les anciennes allées, montrant les grappes limpides de leurs fruits, des rubis dont chaque grain s'éclairait d'une goutte de jour. Des haies de framboisiers s'étalaient comme des ronces sauvages ; tandis que le sol n'était plus qu'un tapis defraisiers, une herbe toute semée de fraises mûres, dont l'odeur avait une légère fumée de vanille.

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