La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1018)

Partie : Préface, chapitre VI

Puis des inquiétudes lui vinrent. Si, par malheur, on avait fait l'Empire sans lui ! Si les Sicardot, les Garçonnet, les Peirotte, au lieu d'être arrêtés et emmenés par la bande insurrectionelle, l'avaient jetée tout entière dans les prisons de la ville ! Il eut une sueur froide, il se remit en marche, espérant que Félicité lui donnerait des renseignements exacts. Il avançait plus rapidement, filant le long des maisons de la rue de la Banne, lorsqu'un spectacle étrange, qu'il aperçut en levant la tête, le cloua net sur le pavé. Une des fenêtres du salon jaune était vivement éclairée, et, dans la lueur, une forme noire, qu'il reconnut pour être sa femme, se penchait, agitait les bras d'une façon désespérée. Il s'interrogeait, ne comprenant pas, effrayé, lorsqu'un objet dur vint rebondir sur le trottoir, à ses pieds. Félicité lui jetait la clef du hangar, où il avait caché une réserve de fusils. Cette clef signifiait clairement qu'il fallait prendre les armes. Il rebroussa chemin, ne s'expliquant pas pourquoi sa femme l'avait empêché de monter, s'imaginant des choses terribles.

?>