La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1494)

Partie : Préface, chapitre VI

Vers le matin, Rougon songea à rassurer Félicité. Par ses ordres, les nationaux s'étaient enfermés dans la mairie ; il avait défendu qu'on relevât les morts, sous prétexte qu'il fallait un exemple au peuple du vieux quartier. Et, lorsque, pour courir à la rue de la Banne, il traversa la place, dont la lune s'était retirée, il posa le pied sur la main d'un des cadavres, crispée au bord d'un trottoir. Il faillit tomber. Cette main molle, qui s'écrasait sous son talon, lui causa une sensation indéfinissable de dégoût et d'horreur. Il suivit les rues désertes à grandes enjambées, croyant sentir derrière son dos un poing sanglant qui le poursuivait.

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