La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1505)

Partie : Préface, chapitre VI

Comme on enlevait les cadavres, Aristide vint les flairer. Il les regarda sur tous les sens, humant l'air, interrogeant les visages. Il avait la mine sèche, les yeux clairs. De sa main, la veille emmaillotée, libre à cette heure, il souleva la blouse d'un des morts, pour mieux voir sa blessure. Cet examen parut le convaincre, lui ôter un doute. Il serra les lèvres, resta là un moment sans dire un mot, puis se retira pour aller presser la distribution de L'Indépendant, dans lequel il avait mis un grand article. Le long des maisons, il se rappelait ce mot de sa mère : " Tu verras demain ! " Il avait vu, c'était très fort ; ça l'épouvantait même un peu.

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