La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1530)

Partie : Préface, chapitre VII

Félicité se mit en campagne. Pierre, dans son ravissement, éprouvait encore une vague inquiétude. Le coup d'Etat allait payer ses dettes, son fils Aristide pleurait ses fautes, et il se débarrassait enfin de Macquart ; mais il craignait quelque sottise de son fils Pascal, il était surtout très inquiet sur le sort réservé à Silvère, non qu'il le plaignît le moins du monde : il redoutait simplement que l'affaire du gendarme ne vînt devant les assises. Ah ! si une balle intelligente avait pu le délivrer de ce petit scélérat ! Comme sa femme le lui faisait remarquer le matin, les obstacles étaient tombés devant lui ; cette famille qui le déshonorait avait, au dernier moment, travaillé à son élévation ; ses fils, Eugène et Aristide, ces mange-tout, dont il regrettait si amèrement les mois de collège, payaient enfin les intérêts du capital dépensé pour leur instruction. Et il fallait que la pensée de ce misérable Silvère troublât cette heure de triomphe !

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