La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1584)

Partie : Préface, chapitre VII

Lorsqu'ils arrivèrent, le salon jaune resplendissait. Félicité s'était multipliée. Tout le monde se trouvait là, Sicardot, Granoux, Roudier, Vuillet, les marchands d'huile, les marchands d'amandes, la bande entière. Seul, le marquis avait prétexté ses rhumatismes ; il partait, d'ailleurs, pour un petit voyage. Ces bourgeois tachés de sang blessaient ses délicatesses, et son parent, le comtede Valqueyras, devait l'avoir prié d'aller se faire oublier quelque temps dans son domaine de Corbière. Le refus de monsieur de Carnavant vexa les Rougon. Mais Félicité se consola en se promettant d'étaler un plus grand luxe ; elle joua deux candélabres, elle commanda deux entrées et deux entremets de plus, afin de remplacer le marquis. La table, pour plus de solennité, fut dressée dans le salon. L'hôtel de Provence avait fourni l'argenterie, la porcelaine, les cristaux. Dès cinq heures, le couvert se trouva mis, pour que les invités, en arrivant, pussent jouir du coup d'œil. Et il y avait, aux deux bouts, sur la nappe blanche, deux bouquets de roses artificielles, dans des vases de porcelaine dorée, à fleurs peintes.

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