La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°1607)

Partie : Préface, chapitre VII

Et, à cette heure, le faubourg était encore tout frissonnant du drame qui venait d'ensanglanter l'aire Saint-Mittre. Le retour des troupes, après le carnage de la plaine des Nores, fut marqué par d'atroces représailles. Des hommes furent assommés à coups de crosse derrière un pan de mur, d'autres eurent la tête cassée au fond d'un ravin par le pistolet d'un gendarme. Pour que l'horreur fermât les lèvres, les soldats semaient les morts sur la route. On les eût suivis à la trace rouge qu'ils laissaient. Ce fut un long égorgement. A chaque étape, on massacrait quelques insurgés. On en tua deux à Sainte-Roure, trois à Orchères, un au Béage. Quand la troupe eut campé à Plassans, sur la route de Nice, il fut décidé qu'on fusillerait encore un des prisonniers, le plus compromis. Les vainqueurs jugeaient bon de laisser derrière eux ce nouveau cadavre, afin d'inspirer à la ville le respect de l'Empire naissant.

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