La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°171)

Partie : Préface, chapitre I

Jamais Miette n'avait entendu dire du bien de son père. On le traitait ordinairement devant elle de gueux, de scélérat, et voilà qu'elle rencontrait de braves cœurs qui avaient pour lui des paroles de pardon et qui le déclarait un honnête homme. Alors elle fondit en larmes, elle retrouva l'émotion que La Marseillaise avait fait monter à sa gorge, elle chercha comment elle pourrait remercier ces hommes doux aux malheureux : Un moment, il lui vint l'idée de leur serrer la main à tous, comme un garçon. Mais son cœur trouva mieux. A côté d'elle se tenait debout l'insurgé qui portait le drapeau. Elle toucha la hampe du drapeau et, pour tout remerciement, elle dit d'une voix suppliante " Donnez-le moi, je le porterai. "

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