La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°362)

Partie : Préface, chapitre III

Lorsqu'elle eut réussi, la nuit suivante, à remettre la clef du secrétaire dans la poche du gilet, elle se promit d'user du même moyen pour lire chaque nouvelle lettre qui arriverait. Elle résolut également de faire l'ignorante. Cette tactique était excellente. A partir de ce jour, elle aida d'autant plus son mari qu'elle parut le faire en aveugle. Lorsque Pierre croyait travailler seul, c'était elle qui, le plus souvent, amenait la conversation sur le terrain voulu, qui recrutait des partisans pour le moment décisif. Elle souffrait de la méfiance d'Eugène. Elle voulait pouvoir lui dire, après la réussite : " Je savais tout, et, loin de rien gâter, j'ai assuré le triomphe. " Jamais complice ne fit moins de bruit et plus de besogne. Lemarquis, qu'elle avait pris pour confident, en était émerveillé.

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