La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°376)

Partie : Préface, chapitre III

Cependant les événements marchaient. L'année 1851 fut, pour les politiques de Plassans, une année d'anxiété et d'effarement dont la cause secrète des Rougon profita. Les nouvelles les plus contradictoires arrivaient de Paris ; tantôt les républicains l'emportaient, tantôt le parti conservateur écrasait la République. L'écho des querelles qui déchiraient l'Assemblée législative parvenait au fond de la province, grossi un jour, affaibli le lendemain, changé au point que les plus clairvoyants marchaient en pleine nuit. Le seul sentiment général était qu'un dénouement approchait. Et c'était l'ignorance de ce dénouement qui tenait dans une inquiétude ahurie ce peuple de bourgeois poltrons. Tous souhaitaient d'enfinir. Ils étaient malades d'incertitude, ils se seraient jetés dans les bras du Grand Turc, si le Grand Turc eût daigné sauver la France de l'anarchie.

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