La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°522)

Partie : Préface, chapitre IV

Une de ses plus délicates jouissances fut de passer dix fois par jour devant le magasin de Pierre. Il agrandissait les trous de la veste avec les doigts, ilralentissait le pas, se mettait parfois à causer devant la porte, pour rester davantage dans la rue. Ces jours-là, il emmenait quelque ivrogne de ses amis, qui lui servait de compère ; il lui racontait le vol des cinquante mille francs, accompagnant son récit d'injures et de menaces, à voix haute, de façon à ce que toute la rue l'entendît, et que ses gros mots allassent à leur adresse, jusqu'au fond de la boutique.

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