La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°559)

Partie : Préface, chapitre IV

Gervaise, battue, élevée dans la rue avec les garçons du voisinage, devint grosse à l'âge de quatorze ans. Le père de l'enfant n'avait pas dix-huit ans. C'était un ouvrier tanneur, nommé Lantier. Macquart s'emporta. Puis, quand il sut que la mère de Lantier, qui était une brave femme, voulait bien prendre l'enfant avec elle, il se calma. Mais il garda Gervaise, elle gagnait déjà vingt-cinq sous, et il évita de parler mariage. Quatre ans plus tard, elle eut un second garçon que la mère de Lantier réclama encore. Macquart, cette fois-là, ferma absolument les yeux. Et comme Fine lui disait timidement qu'il serait bon de faire une démarche auprès du tanneur pour régler une situation qui faisait clabauder, il déclara très carrément que sa fille ne le quitterait pas, et qu'il la donnerait à son séducteur plus tard, " lorsqu'il serait digne d'elle, et qu'il aurait de quoi acheter un mobilier ".

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