La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°617)

Partie : Préface, chapitre IV

Quand les deux femmes avaient pris leur aiguille et se tuaient les yeux à lui raccommoder ses vieilles chemises, Macquart, assis sur le meilleur siège, se renversait voluptueusement, sirotant et fumant, en homme qui savoure sa fainéantise. C'était l'heure où le vieux coquin accusait les riches de boire la sueur dupeuple. Il avait des emportements superbes contre ces messieurs de la ville neuve, qui vivaient dans la paresse et se faisaient entretenir par le pauvre monde. Les lambeaux d'idées communistes qu'il avait pris le matin dans les journaux devenaient grotesques et monstrueux en passant par sa bouche. Il parlait d'une époque prochaine où personne ne serait plus obligé de travailler. Mais il gardait pour les Rougon ses haines les plus féroces. Il n'arrivait pas à digérer les pommes de terre qu'il avait mangées.

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