La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°829)

Partie : Préface, chapitre V

Le soir, Silvère, préoccupé de son aventure, essaya de questionner tante Dide. Peut-être saurait-elle qui était cette Miette qui avait des yeux si noirs et une bouche si rouge. Mais, depuis qu'elle habitait la maison de l'impasse, tante Dide n'avait plus jeté un seul coup d'œil derrière le mur de la petite cour. C'était, pour elle, comme un rempart infranchissable, qui murait son passé. Elle ignorait, elle voulait ignorer ce qu'il y avait maintenant de l'autre côté de cette muraille, dans cet ancien enclos des Fouque, où elle avait enterré son amour, son cœur et sa chair. Aux premières questions de Silvère, elle le regarda avec un effroi d'enfant. Allait-il donc lui aussi remuer les cendres de ces jours éteints et la faire pleurer comme son fils Antoine ?

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