La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°905)

Partie : Préface, chapitre V

L'herbe épaisse étouffait le bruit de leurs pas. Ils étaient noyés dans un flot de ténèbres, bercés entre deux rives sombres, ne voyant qu'une bande d'un bleu foncé, semée d'étoiles, au-dessus de leur tête. Et, dans ce vague du sol qu'ils foulaient, dans cette ressemblance de l'allée à un ruisseau d'ombre coulant sous le ciel noir et or, ils éprouvaient une émotion indéfinissable, ils baissaient la voix, bien que personne ne pût les entendre. Se livrant à ces ondes silencieuses de la nuit, la chair et l'esprit flottants, ils se contaient, ces soirs-là, les mille riens de leur journée avec des frissons d'amoureux.

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