La Fortune des Rougon

La Fortune des Rougon (paragraphe n°980)

Partie : Préface, chapitre V

Puis, entre deux décharges, un homme cria : " Sauve qui peut ! " avec un accent terrible de terreur. Il y eut des grondements, des murmures de rage, qui disaient : " Les lâches ! oh ! les lâches ! " Des phrases sinistres couraient : le général avait fui ; la cavalerie sabrait les tirailleurs dispersés dans la plaine des Notes. Et les coups de feu ne cessaient pas, ils partaient irréguliers, rayant la fumée de flammes brusques. Une voix rude répétait qu'il fallait mourir là. Mais la voix affolée, la voix de terreur, criait plus haut : " Sauve qui peut ! sauve quipeut ! " Des hommes s'enfuirent, jetant leurs armes, sautant par-dessus les morts. Les autres serrèrent les rangs. Il resta une dizaine d'insurgés. Deux prirent encore la fuite, et, sur les huit autres, trois furent tués d'un coup.

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