La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1074)

Chapitre VI

Comment ! j'exagère ! continua violemment Véronique. Ce n'est pas tant la question des sous qui me met hors de moi. Voyez-vous, ce que je ne lui pardonnerai jamais, c'est de vous avoir repris monsieur Lazare, après vous l'avoir donné... Oui, parfaitement ! vous n'étiez plus assez riche, il lui fallait une héritière. Hein ? Qu'en dites-vous ? on vous pille, puis on vous méprise, parce que vous n'avez plus rien... Non, je ne me tairai pas, mademoiselle ! On ne coupe pas aux gens le cœur en quatre, quand on leur a déjà vidé les poches. Puisque vous aimiez votre cousin et qu'il devait tout vous rembourser en gentillesse, c'est une franche abomination que de vous avoir encore volée de ce côté-là... Et elle a tout fait, je l'ai vue. Oui, oui, chaque soir, elle aguichait la petite, elle l'allumait pour le jeune homme, avec un tas d'affaires malpropres. Aussi vrai que cette lampe nous éclaire, c'est elle qui les a jetés l'un sur l'autre. Enfin, quoi ! elle aurait tenu la chandelle, histoire de rendre le mariage inévitable. Ce n'est pas sa faute, s'ils ne sont pas allés jusqu'au bout... Défendez-la donc, maintenant qu'elle vous a pilé sous ses pieds, et qu'elle est en causeque vous pleurez la nuit comme une Madeleine ; car je vous entends bien de ma chambre, j'en tomberai malade, de tous ces chagrins et de toutes ces injustices !

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