La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1369)

Chapitre VII

Dès la mort de sa tante, une idée généreuse lui était venue, elle avait projeté de se réconcilier avec Louise. Chanteau pouvait lui écrire, elle-même ajouterait un mot d'oubli sur la lettre. On était si seul, si triste, que la présence de cette grande enfant serait une distraction pour tout le monde. Puis, après une si rude secousse, le passé de la veille semblait très ancien ; et elle avait aussi le remords de s'être montrée violente. Mais, chaque fois qu'elle voulait en parler à son oncle, une répugnance l'en empêchait. N'était-ce point risquer l'avenir, tenter Lazare et le perdre ? Peut-être aurait-elle trouvé pourtant la bravoure et la fierté de le soumettre à cette épreuve, s'iln'y avait pas eu, en elle, une révolte de l'idée de justice. La trahison seule était impardonnable. Et, d'ailleurs, ne devait-elle pas suffire à refaire la joie de la maison ? Pourquoi appeler une étrangère, lorsqu'elle se sentait débordante de tendresse et de dévouement ? A son insu, il restait de l'orgueil dans son abnégation, elle avait la charité jalouse. Son cœur s'embrasait à l'espoir d'être l'unique bonheur des siens.

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