La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1370)

Chapitre VII

Ce fut, dès lors, le grand travail de Pauline. Elle s'appliqua, elle s'ingénia, pour rendre autour d'elle la maison heureuse. Jamais encore elle n'avait montré une telle vaillance dans la belle humeur et la bonté. C'était, chaque matin, un réveil souriant, un souci de cacher ses propres misères, afin de ne pas en augmenter celles des autres. Elle défiait les catastrophes par sa douceur à vivre, elle avait une égalité de caractère qui désarmait les mauvais vouloirs. Maintenant, elle se portait bien, forte et saine comme un jeune arbre, et la joie qu'elle répandait autour d'elle, était le rayonnement même de sa santé. Le recommencement de chaque journée l'enchantait, elle mettait son plaisir à refaire le jour ce qu'elle avait fait la veille, n'attendant rien de plus, espérant le lendemain sans fièvre. Véronique avait beau grogner devant son fourneau, devenue fantasque, travaillée de caprices inexplicables, une vie nouvelle chassait le deuil de la maison, les rires d'autrefois réveillaient les chambres, montaient allègrement l'escalier sonore. Mais l'oncle surtout paraissait ravi, car la tristesse lui avait toujours été lourde, il chantait volontiers la gaudriole, depuis qu'il ne quittait plus son fauteuil. Pour lui, l'existence devenait abominable, et il s'y cramponnait avec l'étreinte éperdued'un infirme qui veut durer, même dans la douleur. Chaque jour vécu était une victoire, sa nièce lui semblait chauffer la maison d'un coup de bon soleil, aux rayons duquel il ne pouvait mourir.

?>