La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1460)

Chapitre VII

C'était le chagrin de Pauline : elle voyait que Lazare ne s'intéressait guère à ses petits amis du village. S'il voulait bien encore l'aider le samedi, il y avait là une simple complaisance pour elle, car son cœur n'était pas de la besogne. Lorsque rien ne la rebutait, ni la pauvreté, ni le vice, lui se fâchait et s'attristait de ces laides choses. Elle restait calme et gaie, dans son amour des autres, pendant qu'il ne pouvait sortir de lui, sans trouver au-dehors des causes nouvelles d'humeurs noires. Peu à peu, il en venait ainsi à souffrir réellement de la marmaille malpropre où fermentaient déjà tous les péchés des hommes. Cette semence de misérables achevait de lui gâter la vie, il les quittait courbaturé, désespéré, avec la haine et le mépris du troupeau humain. Les deux heures de bonnes œuvres finissaient par le rendre mauvais, niantl'aumône, raillant la charité. Et il criait qu'il serait sage d'écraser à coups de talon ce nid d'insectes nuisibles, au lieu de l'aider à grandir. Pauline l'écoutait, surprise de sa violence, très peinée de voir qu'ils ne sentaient pas de la même façon.

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