La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1515)

Chapitre VIII

L'ennui était au fond des tristesses de Lazare, un ennui lourd, continu, qui sortait de tout comme l'eau trouble d'une source empoisonnée. Il s'ennuyait du repos, du travail, de lui-même plus que des autres encore. Cependant, il s'en prenait à son oisiveté, il finissait par en rougir. N'était-ce pas honteux qu'un homme de son âge perdit ses années de force dans ce trou de Bonneville ? Jusque-là, il avait bien eu des prétextes ; mais rien ne le retenait maintenant, et il se méprisait de rester inutile, à la charge des siens, lorsqu'eux-mêmes avaient à peine de quoi vivre. Il aurait dû leur gagner une fortune, c'était une banqueroute de sa part, car il se l'était juré, autrefois. Certes, les projets d'avenir, les grandes entreprises, la richesse conquise en un coup de génie, ne lui manquaient toujours pas. Seulement, quand il sortait du rêve, il ne trouvait plus le courage de se mettre à l'action.

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