La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1587)

Chapitre VIII

Un jour, comme Lazare et Louise étaient allés seuls à Verchemont, Pauline, ayant besoin d'une recette pour rafraîchir du velours, monta fouiller la grande armoire de son cousin, où elle croyait l'avoir vue, sur un bout depapier, entre les deux feuillets d'un livre. Et là, parmi des brochures, elle découvrit le vieux gant de son amie, ce gant oublié dont il s'était grisé si souvent, jusqu'à une sorte d'hallucination charnelle. Ce fut pour elle un trait de lumière, elle reconnut l'objet qu'il avait caché avec un si grand trouble, le soir où elle était montée brusquement lui dire qu'on se mettait à table. Elle tomba sur une chaise, comme achevée par cette révélation. Mon Dieu ! il voulait déjà cette fille avant qu'elle revînt, il vivait avec elle, il avait usé ce chiffon de ses lèvres, parce qu'il gardait un peu de son odeur ! De gros sanglots la secouèrent, tandis que ses yeux noyés restaient fixés sur le gant, qu'elle tenait toujours dans ses mains tremblantes.

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