La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1639)

Chapitre VIII

Le silence retomba, elles restèrent dans cette étreinte. Déjà épuisée, Louise cédait, s'abandonnait avec sa langueur caressante ; et un flot de larmes était remonté à ses yeux, mais des larmes douces, qui coulaient lentement. Sans parler, elle pressait par moments son amie, comme si elle n'eût rien trouvé de plus discret ni de plus profond pour la remercier. Elle la sentait au-dessus d'elle, si saignante et si haute, qu'elle n'osait même lever les yeux, de peur de rencontrer son regard. Cependant, au bout de quelques minutes, elle se hasarda, renversa la têtedans une confusion souriante, puis haussa les lèvres et lui donna un baiser muet. La mer, au loin, sous le ciel sans tache, n'avait pas une vague qui rompît son bleu immense. C'était une pureté, une simplicité où longtemps encore elles égarèrent les paroles qu'elles ne disaient plus.

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