La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1680)

Chapitre VIII

Le mariage devait avoir lieu à Caen. Pendant les quinze derniers jours, ce furent des allées et venues continuelles, une fièvre extraordinaire de voyages. Pauline s'étourdissait, accompagnait Louise, rentrait brisée. Comme Chanteau ne pouvait quitter Bonneville, elle avait dû promettre d'assister à la cérémonie, où elle serait seule à représenter la famille de son cousin. L'approche de cette journée la terrifiait. La veille, elle s'arrangea pour ne pas coucher à Caen, car il lui semblait qu'elle souffrirait moins, si elle revenait dormir dans sachambre, au bercement aimé de la grande mer. Elle prétendit que la santé de son oncle lui donnait des craintes, qu'elle ne voulait pas s'éloigner de lui si longtemps. Vainement, lui-même la pressait de passer quelques jours là-bas : est-ce qu'il était malade ? au contraire, très surexcité par l'idée de ces noces, de ce repas dont il ne serait point, il méditait sournoisement d'exiger de Véronique un plat défendu, un perdreau truffé par exemple, ce qu'il ne mangeait jamais sans être certain d'une crise. Malgré tout, la jeune fille déclara qu'elle rentrerait le soir ; et elle comptait aussi être de la sorte plus libre, pour faire sa malle le lendemain, et disparaître.

?>