La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1688)

Chapitre VIII

Les minutes passaient, elle n'avait plus conscience que de l'éternité de sa torture. Un effroi la remit debout. Quelqu'un était là, car elle avait entendu rire. Mais elle ne trouva que sa bougie presque achevée, qui venait de faire éclater la bobèche. Si quelqu'un pourtant l'avait vue ? Ce rire imaginaire courait encore sur sa peau comme une caresse brutale. Etait-ce vraiment elle, qui restait nue ainsi ? Une pudeur la prenait, elle avait croisé les bras devant sa gorge, dans une attitude éperdue, pour ne plus s'apercevoir elle-même. Enfin, vivement, elle passa une chemise de nuit, elle retourna s'enfouir sous les couvertures, qu'elle monta jusqu'à son menton. Son corps grelottant se faisait tout petit. Quand la bougie fut éteinte, elle ne bougea plus, anéantie par la honte de cette crise.

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