La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1794)

Chapitre IX

La femme demeurait béante. Lazare la bouscula et lui arracha enfin la clef. Puis, pendant qu'elle restait à hurler par terre, il marcha d'un pas tranquille vers la maison. Pauline le suivait des yeux, sans chercher davantage à l'arrêter, clouée de peur et d'étonnement, tant il semblait accomplir une chose naturelle. Une pluie de flammèches tombait, il dut se coller contre le bois de la porte pourl'ouvrir, car des poignées de paille enflammées roulaient du toit, ainsi qu'un ruissellement d'eau par un orage ; et, là, il trouva un obstacle, la clef rouillée refusait de tourner dans la serrure. Mais il ne jura même pas, il prit son temps, parvint à ouvrir, resta un moment encore sur le seuil, afin de laisser s'échapper le premier flot de fumée, qui lui battait le visage. Jamais il ne s'était connu un pareil sang-froid, il agissait comme dans un rêve, avec une certitude de mouvements, une adresse et une prudence que le danger faisait naître. Il baissa la tête, il disparut.

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