La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°1920)

Chapitre X

Onze heures sonnèrent, l'attente devenait intolérable. Véronique partit pour Verchemont, emportant une lanterne, avec l'ordre de visiter tous les fossés. Deux fois, Louise avait tâché de se mettre au lit, les jambes brisées de fatigue ; mais elle s'était relevée aussitôt, et elle se tenait debout maintenant, les bras accoudés à la commode, s'agitant sur place, dans un perpétuel mouvement des reins. Les douleurs, qui se produisaient par crises, se rapprochaient, se confondaient en une douleur unique, dont la violence lui coupait la respiration. A toute minute, ses mains tâtonnantes quittaient un instant la commode, glissaient le long de ses flancs, allaient empoigner et soutenir ses fesses, comme pour alléger le poids qui les écrasait. Et Pauline, debout derrière elle, ne pouvait rien, devait la regarder souffrir, détournant la tête, feignant de s'occuper, lorsqu'elle la voyait ramener son peignoir d'un geste d'embarras, avec la préoccupation persistante de ses beaux cheveux blonds défaits et de son fin visage décomposé.

?>