La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°2144)

Chapitre XI

Pauline, que les jambes nues du petit Paul inquiétaient, s'était agenouillée de nouveau, pour rabattre un coin de la couverture. Pendant trois mois, elle avaitdû, chaque semaine, partir le lundi suivant. Mais les mains faibles de l'enfant la retenaient avec une puissance invincible. Le premier mois, on avait redouté tous les matins de ne pas le voir vivre jusqu'au soir. Elle seule recommençait le miracle de le sauver à chaque seconde, car la mère était encore au lit, et la nourrice qu'il avait fallu prendre, donnait son lait simplement, avec la stupidité docile d'une génisse. C'étaient des soins continus, la température surveillée sans cesse, l'existence ménagée heure par heure, une véritable obstination de poule couveuse, pour remplacer le mois de gestation qui lui manquait. Après ce premier mois, il avait heureusement pris la force d'un enfant né à terme, et il s'était peu à peu développé. Mais il restait toujours bien chétif, elle ne le quittait pas une minute, depuis son sevrage surtout, dont il avait souffert.

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