La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°232)

Chapitre I

Cinq minutes plus tard, elle avait bravement soufflé sa bougie, elle se pelotonnait au fond de son lit, drapé de mousseline. Sa lassitude donna longtemps à son sommeil une légèreté de rêve. D'abord, elle entendit Véronique monter sans précaution et traîner ses meubles, pour réveiller le monde. Ensuite, il n'y eut plus que le tonnerre grondant de la tempête : la pluie entêtée battait les ardoises, le vent ébranlait les fenêtres, hurlait sous les portes ; et, pendant une heure encore, la canonnade continua, chaque vague qui s'abattait la secouait d'un choc profond et sourd. Il lui semblait que la maison, anéantie, écrasée de silence, s'en allait dans l'eau commeun navire. Elle avait maintenant une bonne chaleur moite, sa pensée vacillante se reportait, avec une pitié secourable, vers les pauvres gens que la mer, en bas, chassait de leurs couvertures. Puis, tout sombra, elle dormit sans un souffle.

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