La Joie de vivre

La Joie de vivre (paragraphe n°271)

Chapitre II

Chanteau hurla pendant huit jours. Le pied droit s'était pris, au moment où l'accès semblait terminé ; et les douleurs avaient reparu, avec un redoublement de violence. Toute la maison frémissait, Véronique s'enfermait au fond de sa cuisine pour ne pas entendre,madame Chanteau et Lazare eux-mêmes fuyaient parfois dehors, dans leur angoisse nerveuse. Seule, Pauline ne quitta pas la chambre, où elle devait encore lutter contre les coups de tête du malade, qui voulait à toute force manger une côtelette, criant qu'il avait faim, que le docteur Cazenove était un âne, puisqu'il ne savait seulement pas le guérir. La nuit surtout, le mal redoublait d'intensité. Elle dormait à peine deux ou trois heures. Du reste, elle était gaillarde, jamais fillette n'avait poussé plus sainement. Madame Chanteau, soulagée, avait fini par accepter cette aide d'une enfant qui apaisait la maison. Enfin, la convalescence arriva, Pauline reprit sa liberté, et une étroite camaraderie se noua entre elle et Lazare.

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